DÉFINITION D'UN TIERS-LIEU

Le concept de tiers-lieu a déjà plus de 30 ans : il apparait pour la 1ère fois en 1989 dans le livre "The Great Good Place", de Ray Oldenburg.
Le terme tiers-lieu (traduit de l'anglais "third place") fait référence à des lieux de sociabilité qui ne sont ni le domicile (first place), ni le lieu de travail (second place).
Par essence, les contours qui définissent un tiers-lieu sont souples, en revanche les ingrédients qui caractérisent un tiers-lieux sont clairs...

Bataille de définition des tiers-lieux

Beaucoup de définitions existent, peu conviennent à tous ! Certains espaces se définissent comme tiers-lieu, mais sont rejetés par l'écosystème pionnier dans le domaine. Certains ont tous les ingrédients d'un tiers-lieu mais se définissent comme des lieux alternatifs uniquement, sans se rattacher à la communauté des tiers-lieux. D'autres se revendiquent comme de vrais tiers-lieux, et excluent certains lieux de cette définition. Faire la différence ou établir une norme semble un exercice délicat.

Remettre en perspective les tiers-lieux et leur définition

Pour y voir plus clair, essayons de replacer la définition des tiers-lieux dans le temps et dans un contexte global de mutation de notre société.

Les tiers-lieux, avant l'ère industrielle

Avant l'ère industrielle, la plupart des humains vivaient sur leur lieu de travail. Les agriculteurs habitaient au centre des terres, dans leur ferme. Les artisans habitaient souvent au dessus de leur commerce. Les aubergistes et hôteliers, habitaient dans leur lieux etc ...

Le travail était peut-être difficile d'un point de vue physique, mais était sûrement moins stressant, et en harmonie avec les rythmes de chacun. L'activité qui permettait de vivre et le temps de vie personnelle se mélangeait naturellement. Bref, depuis plusieurs millénaires les humains habitaient là ou ils travaillaient et c'était bien ainsi. Nous vivions tous dans des tiers-lieux !

Pendant l'ère industrielle

L'ère industrielle (période qui a commencée au 18em siècle) à profondément transformée la relation au lieu de travail au travail et à l'habitation, pourquoi ?

L'apparition des machines a permis de s'affranchir de la pénibilité du travail, et ce fut un grand pas en avant. Mais ce sont aussi les machines qui ont permis l'automatisation du travail et l'apparition des industries.

C'est le développement mondial de l'industrie qui a crée le travail a répétition et ses dérives. C'est a cette période que les syndicats sont apparus pour protéger les ouvriers et commencer a établir une limite entre le temps de travail (8h), le temps personnel (8h) et le temps de sommeil (8h).

C'est aussi à cette période que le lieu de travail et le lieu de vie se sont éloignés.

Les effets de l'industrie

La perception du travail
L'automatisation du travail, qui a pour effet d'optimiser la rentabilité d'une industrie, a rendu le travail plus dur en terme de rythme et de stress.
Le temps de travail et devenu un temps nécessaire pour acheter de la nourriture et accéder à un logement, et ensuite partir en vacances. Les vacances sont devenues le moment que l'on attend quand on travaille.

La distance entre l'habitation et le lieu de travail
L'apparition des transports (voiture, train, avion) a permis d'habiter loin de son lieu de travail. Mais les conséquences à long terme sont lourdes : villes dortoirs, pollution, stress, mégapoles, transmission des virus facilitée ...

L'hyper spécialisation et la verticalité
L'industrie a nécessité de spécialiser les taches. L'ensemble de la société s'est donc spécialisée. L'effet silo, a rendu l'approche globale difficile. Pourtant c'est cette vision d'ensemble qui permet de mettre en relation les causes et les effets.

L'impact sur le sens et l'épanouissement de l'individu
Beaucoup de postes au sein de grandes organisations se sont déconnecté de leur utilité, si ils ont la chance d'en avoir. La pression pour augmenter les résultats des entreprises, mixé au manque de sens, et à une verticalité qui fait perdre de vue l'essentiel, a crée une fuite de beaucoup de salariés et de cadres.

Paradoxe : ce que permet le numérique pour les tiers-lieux
Fuir le manque de sens, ralentir, retrouver une qualité de vie, créer de la porosité entre ses passions et son métier, bref revenir à une harmonie, surement plus proche du style de vie qui précède l'ère industrielle. Même si l'industrie et notamment le numérique facilite aussi ce nouveau style de vie.

Les tiers-lieux, la recherche de sens, refaire société et l’horizontalité

Après cette mise en perspective, nous pouvons énumérer les ingrédients qui sont importants dans un tiers-lieu :

• Les valeurs : placer l'humain et l’environnent au centre, participer à un développement durable, placer les valeurs au même niveau que l'économie, soutenir une approche long terme, favoriser la résilience de sa communauté et de son territoire.
• Le territoire : un tiers-lieu doit être en harmonie avec son territoire. Il doit répondre aux besoins, favoriser l'émergence de nouvelles solutions, accueillir les initiatives locales, créer du lien social local, soutenir la coconstruction de projets entre les différents types d'acteurs : institutionnels, sociaux, économiques, environnementaux, d'éducation, etc ...
• Les transports : les tiers-lieux doivent aider à la réduction des temps de transports entre le lieu d'habitation et le tiers-lieu.
• La communauté : un tiers-lieu doit accueillir une communauté vécue comme telle par ses membres. Un tiers-lieu sans collectif, n'est pas un tiers-lieu. Cette notion, permet de faire la différence entre les tiers-lieux qui placent l'humain au centre et ceux qui ne le font pas. Astuce : le nombre de Dunbar et la surface d'un lieu, permet de différencier les modèles qui placent l'humain ou le mètre carré au centre et en priorité de leur modèle économique.
• La gouvernance : chaque tiers-lieu ajuste et expérimente une gouvernance en harmonie avec les attentes et l'envie de responsabilité de ses membres. L'équilibre entre le rôle d'acteur et de consommateur du lieu est un vrai défi qui est prit en compte dans la conception de ces espaces.
• Les projets communs et personnels : un tiers-lieu est un écrin pour les porteur-es de projets qui s'y installent. Il doit favoriser leur développement et apporter de vraies solutions opérationnelles. Les solutions qui émergent peuvent être ensuite proposées au territoire.
• Les ressources : un tiers-lieu propose des ressources partagées, telles que des espaces, du matériel, des machines, des évènements, des ateliers, des expertises, des méthodes de travail, et tout ce qui peut soutenir le développement de la communauté qui s'y développe.
• L'open-source : les tiers-lieux sont par essence ouvert et en harmonie avec le courant numérique de l'open source, qui est basé sur le partage et la création de valeur par l'ouverture et la transparence. La liberté, valeur fondamentale de l'open source, est commune a l'écosystème des tiers-lieux.
• La connaissance : le savoir est la base de toute communauté. La partager permet de la faire grandir. Les formations, les ateliers, les conférences sont souvent au centre d'un tiers-lieu. Souvent gratuites elle sont l'occasion de créer du lien, échanger sur les problématiques rencontrées et les solutions expérimentées.
• La place du développement personnel dans un tiers-lieu : chaque porteur de projet est le principal acteur de son projet. Le lancement d'un projet va mettre a l'épreuve toutes les facettes d'une personne qui se lance. Prendre en compte cette partie souvent oubliée est fondamentale. Les aspects personnels sont aussi importants que les outils techniques. Le meilleur des business plan, mis en œuvre par une personne qui doute d'elle ne se réalisera jamais correctement.

Les définitions des tiers-lieux : conclusion et invitation à l'échange

Je rappelais en introduction la difficulté de définir un tiers-lieu. J'espère que cette approche aura apporté une facette de plus à votre réflexion.

Cette page à pour but de créer l'échange et la conversation. Je serai ravi avec mon équipe de recevoir vos remarques et vos suggestions, pour faire évoluer cette page.

Vous pouvez nous contacter, via la page contact pour nous faire part de vos commentaires. Nous les ajouterons en citant vos contributions. Écrivez-nous !

Merci de votre lecture et de votre intérêt. Nous vous souhaitons une très belle réussite dans vos projets.

Très bonne journée !
Ruben GRAVE Fondateur de Be.TIERS-LIEUX